Shrimad-Bhagavatam
Dixième Chant
vingt-troisième chapitre
Ce chapitre décrit comment le Seigneur Sri Krsna, après avoir incité les jeunes pâtres à mendier leur nourriture, Se montra miséricordieux envers les épouses de certains brahmanas accomplissant un sacrifice et fit en sorte que les brahmanas soient eux-mêmes pris de remords.
Lorsque les jeunes pâtres eurent très faim, ils demandèrent à Sri Krsna comment obtenir de la nourriture, et Il les envoya en mendier auprès d’un groupe de brahmanas qui accomplissaient un sacrifice. Mais ces brahmanas ignorèrent les garçons, considérant Sri Krsna comme un être humain ordinaire. Les garçons revinrent déçus, mais le Seigneur les renvoya à nouveau en leur conseillant de demander la nourriture auprès des épouses des brahmanas. Ces dames avaient entendu parler des qualités transcendantales de Krsna et étaient très attachées à Lui. Ainsi, dès qu’elles apprirent qu’Il était tout près, elles se rendirent auprès de Lui en toute hâte, apportant les quatre variétés de nourriture. C’est ainsi qu’elles s’offrirent à Sri Krsna.
Krsna dit aux femmes que si l’on peut développer un amour transcendantal pour Lui en Le voyant dans Sa forme de la Déité dans le temple, en méditant sur Lui et en chantant Ses gloires, on ne peut atteindre ce résultat simplement en étant en Sa présence physique. Il les informa que, puisqu’elles étaient des femmes au foyer, leur devoir était d’aider leurs maris à accomplir les sacrifices. Il leur a donc ordonné de retourner chez elles.
Lorsque les dames rentrèrent chez elles, leurs maris brahmanas eurent aussitôt des remords, et regrettèrent leurs gestes: “Pour quiconque s’oppose à Krsna, les trois naissances – séminale, brahmanique et sacrificielle – sont toutes condamnées”. En revanche, ces femmes, qui n’ont pas été soumises aux rites purificatoires de la classe brahmanique ni accomplies d’austérité ou de pieux rituels, ont grâce à leur dévotion pour Krsna, facilement coupé les liens de l’esclavage de la mort.
“Puisque tous les désirs du Seigneur Krsna sont entièrement satisfaits, Sa demande pour la nourriture n’était qu’un acte de miséricorde envers nous, les brahmanas. Tous les fruits du sacrifice védique – et même toutes les choses sur terre – sont Ses opulences, et pourtant, par ignorance, nous ne pouvions pas apprécier ce fait.”
Ayant ainsi parlé, tous les brahmanas offrirent leurs hommages au Seigneur Sri Krsna, espérant ainsi contrer leur offense. Néanmoins, par crainte du roi Kamsa, ils n’allèrent pas voir le Seigneur en personne.
Shrimad-Bhagavatam 10.23.43
nāsāṁ dvijāti-saṁskāro na nivāso gurāv api |
na tapo nātma-mīmāṁsā na śaucaṁ na kriyāḥ śubhāḥ ||
MOT-À-MOT
na — il n’y a pas; āsām — de leur part; dvijāti–saṁskāraḥ — le rite purificatoire de l’initiation de la classe des deux fois nés; na — ni; nivāsaḥ — résidence; gurau — à l’āśrama d’un précepteur spirituel; api — de même; na — non plus; tapaḥ — la pratique de l’austérité; na — ni; ātma–mīmāṁsā — enquête philosophique sur la réalité du soi; na — ni; śaucam — la pureté; na — ni; kriyāḥ — les rituels; śubhāḥ — pieux.
TRADUCTION
“Elles n’ont pas été soumises au rite purificatoire de l’initiation, elles n’ont pas demeuré chez un précepteur spirituel en tant que brahmacārinīs, elles ne se sont adonnées ni à la pénitence, ni à l’étude philosophique concernant la réalisation spirituelle, ni aux purifications, ni engagé dans des rituels pieux.”
Shrimad-Bhagavatam 10.23.44
tathāpi hy uttamaḥ-śloke kṛṣṇe yogeśvareśvare |
bhaktir dṛḍhā na cāsmākaṁ saṁskārādimatām api ||
MOT-À-MOT
tathā api — et cependant; hi — en effet; uttamaḥ–śloke — les gloires que louent d’admirables prières; kṛṣṇe — le Seigneur Kṛṣṇa; yoga–īśvara–īśvare — le Maître des maîtres du yoga; bhaktiḥ — le pur service de dévotion; dṛḍhā — ferme; na — pas; ca — en revanche; asmākam — de nous; saṁskāra–ādi–matām — qui possède une telle purification et ainsi de suite; api — même si.
TRADUCTION
“Et cependant elles ont pour celui qui est l’objet des louanges les plus hautes, pour Krsna, le Maître des maîtres du yoga, une dévotion inébranlable, que nous n’avons pas, nous, malgré toutes nos consécrations.”
COMMENTAIRE DE VISVANATHA CAKRAVARTI THAKURA
visvanathah:
Dans son commentaire, Visvanatha Cakravarti Thahura explique:
na tvāsāṁ kṛṣṇānurāge heturasmadgamya ityāhṛrnāsām iti |
Les brahmanas dirent : « Nous ne pouvons comprendre comment nos épouses ont développé un amour absolu pour Kṛṣṇa. » Tel est le sens de ce verset.
yogeśvareśvara iti saeva svabhakterhetuṁ jānātyupapādayatīti ca nānya iti bhāvaḥ |
Les brahmanas poursuivent:
“Elles n’ont ni accompli l’upanayana samskara, le rite de passage qui marque le début de l’étude des textes sacrés, ni vécu en tant que brahmacārinīs à l’asrama d’un guru, pas plus qu’elles se sont pliées à une discipline stricte, ni médité sur l’âme ou exécuté des rites de bon augure. La cause de leur amour n’est autre que Kṛṣṇa, le Maître Suprême de tous les maîtres du yoga mystique. »
tena kṛṣṇarūpaguṇaprakhyāpi vrajasthamālikādivanitājana satsaṅgarūpo mūlahetustairajñātatvānnokta iti śukadevābhiprāyaḥ ||43-44||
La cause qui fit naître la dévotion amoureuse de leurs épouses envers Kṛṣṇa fut d’entendre parler de Sa forme, Ses attributs et Ses activités, par les marchandes de fleurs et les autres femmes de Vraja. Les brahmanas n’en font pas mention, car ils n’en avaient pas entendu parler. Telle est ici l’intention de Sukadeva Gosvami.
Classe donnée par Babaji Satyanarayana Dasa (Vidéo en anglais)
Shrimad-Bhagavatam 10.23.43-44; Pour écouter la vidéo cliquez sur ce “LIEN”
Durée: 14min 07sec