De Srila Baladeva Vidyabhusana
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Sûtra 7
tan nisthasya moksopadesat
tat – cela; nisthasya – du fervent dévot; moksa – de la libération; upadesat – grâce aux instructions.
“Le Brahman décrit dans les Écritures n’est autre que le Seigneur Suprême, et non une manifestation temporaire du mode de la vertu, car les Écritures nous enseignent que ceux qui deviennent Ses dévots parviennent à la libération.”
Commentaire de Srila Baladeva Vidyabhusana
Si le Texte, tout en étant un moyen de connaissance, désignait un Soi inintelligent comme étant le vrai Soi à un homme aspirant à la délivrance mais ignorant comment l’atteindre, ledit homme s’attacherait à la conviction qu’il s’agit du Soi, suivant le proverbe (nyâya) de l’aveugle qui par confiance a pris la queue de la vache. Il n’accèderait pas au Soi réel séparé de ce Soi erroné. Ce faisant, il serait frustré du but essentiel de l’homme et irait au malheur.
Svetaketu reçut l’instruction selon laquelle la libération est atteinte en ayant le Seigneur Suprême Éternel (sat) comme objet de méditation. Si le mot (sat) était interprété dans le sens de pradhana, il n’y aurait pas de libération, car la libération ne peut jamais être le résultat d’un contact avec une matière inerte.
“C’est de cette façon que l’homme qui possède un instructeur acquiert la connaissance ici-bas. Pour lui l’attente de la libération dure autant que tarde la libération de son corps (à sa mort), après quoi il pénètre instantanément au sein de l’Être.”
Chandogya Upanishad (VI-xiv-2)
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La libération accordée à ceux qui sont dévoués à Brahman est décrite dans la déclaration suivante tirée du Taittiriya Upanisad (2.7):
asad va idam agra asit tato vai sad ajayata tad atmanam svayam akuruta . . . yada hy evaisa etasminn adrsye anatmye anirukte ‘nilayane abhayam pratistham vindate ‘tha so ‘bhayam gato bhavati yada hy evaisa etasminn udaram antaram kurute atha tasya bhayam bhavati
“À l’origine, tout ceci qui nous entoure n’était que le Non-manifesté, Brahman. De Cela, émergea le manifesté. Oui, Brahman Se manifesta Lui-même, sous Sa forme universelle. Cela, qui est connu comme l’Auto-engendré, est véritablement source de joie; car le contact avec cette source libère en nous une grande joie. Qui donc en vérité activerait l’inspire et l’expire du prâna, si cette Félicité ne se trouvait dans ce suprême espace qu’est la cavité du cœur? Cette Félicité est bel et bien ce qui anime les êtres vivants. Et dès lors qu’un aspirant s’établit sans peur en Cela, ce Brahman imperceptible, sans corps, inexprimable et sans support, il atteint le stade de l’affranchissement de la peur du cycle de la mort et de la naissance. Par contre, s’il ne prend pas refuge de ce Brahman Suprême, il est immédiatement saisi par la peur de renaitre encore et encore en ce monde.”
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Le Brahman décrit dans ce passage n’est autre que le Brahman Suprême sis au-delà des limites du monde matériel, le créateur des univers matériels, tout en les dépassant. Ce passage ne peut être interprété comme décrivant le Saguna Brahman, le Brahman manifesté, que gouverne le mode d’influence de la vertu, car s’il en était ainsi, il n’aurait pas été dit que ceux qui se consacrent à ce Brahman atteignent la libération ultime. Ceux qui sont dévoués aux manifestations des modes d’influences de la nature matérielle, par cette dévotion, n’atteignent pas la libération. Ainsi, puisque les dévots parviennent à la libération, le Brahman mentionné ici doit être la Personne Suprême, pure et immuable, sis au-delà des modes d’influence de la nature matérielle. Ce Brahman suprême, non matériel et transcendantal, est décrit dans la déclaration suivante tirée du Srimad–Bhagavatam (10.88.5):
harir hi nirguṇaḥ sākṣāt puruṣaḥ prakṛteḥ paraḥ sa sarva-dṛg upadraṣṭā taṁ bhajan nirguṇo bhavet
“Hari, Lui, n’est pas soumis aux modes d’influence de la nature matériel, c’est le Purusha en personne, la Personne Transcendantale Suprême, supérieur à la Nature Primordiale, le Témoin qui voit tout. Celui qui prend refuge à Ses pieds pareils-au-lotus et Le vénère, atteint également une position transcendantale.”